Actuellement, sous la houlette des Talibans, la possibilité de publier des reportages indépendants, d’enquête et critiques, est sérieusement entravée, les menaces de torture et d’emprisonnement étant omniprésentes. Le régime taliban a proscrit la diffusion de musique et de séries télévisées, obligeant par ailleurs les femmes à apparaître voilées devant les caméras.
Fatima, pseudonyme d’une journaliste qui persiste dans son métier malgré ces contraintes, considère que l’expression “un siècle de recul” décrit le mieux la situation actuelle de la liberté d’expression en Afghanistan.
Elle a confié à la chaîne “Bina” que les services de renseignement talibans avaient créé un environnement médiatique oppressant et effrayant, particulièrement pour les journalistes femmes, dans le but de décourager la couverture honnête des événements nationaux : “Les conditions de travail sont devenues extrêmement difficiles. Lors de nos déplacements pour couvrir un événement, nous faisons face à de nombreuses insultes et intimidations de la part des Talibans. Malgré le respect de nos obligations vestimentaires, les restrictions ne cessent de s’accentuer.”
Il semble que les Talibans, en muselant la liberté d’expression et en instaurant un climat de peur et d’intimidation, soient parvenus à éroder la présence journalistique dans le pays.
D’après certaines statistiques, au cours des deux dernières années, deux tiers des journalistes ont quitté leur profession ou le pays.
Gulabuddin Ghobar, ex-journaliste pour Tolo TV, qui a poursuivi son travail pendant quatre mois sous l’égide des Talibans avant de s’exiler en Allemagne, évoque un dilemme : rapporter en faveur des Talibans ou risquer sa vie. Il affirme : “La critique est désormais perçue comme un crime en Afghanistan. Les médias subissent une pression intense, les programmes sont censurés, et les journalistes sont constamment sous pression psychologique. Les Talibans nous contraints à renoncer à nos principes journalistiques.”
Le Centre des journalistes afghans a récemment publié un rapport détaillant l’implication du service de renseignement et du Ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice des talibans dans l’intimidation, l’arrestation et la répression des médias et des journalistes.
Plusieurs journalistes en Afghanistan attestent que les organisations de soutien à la presse ont été réduites au silence par les Talibans, et qu’elles sont désormais impuissantes face aux détentions.
Nargis, une autre journaliste qui couvrait les événements dans les provinces centrales, témoigne : “J’étais constamment menacée. À l’arrivée des Talibans dans notre province, ils ont immédiatement ciblé les médias. Ma famille et moi avons dû fuir vers Kaboul. Cependant, face à l’absence totale d’espoir, nous avons finalement opté pour l’exil au Pakistan.”
Face à cette situation, l’avenir de la liberté d’expression et du journalisme en Afghanistan, depuis la chute du régime républicain, apparaît sombre, sans signe d’amélioration en vue.