Les organisations de la société civile ont réagi au récent rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur l’Afghanistan, déclarant que ce rapport ignore les besoins et la situation des droits humains dans le pays.
71 organisations de la société civile afghane ont envoyé une lettre ouverte aux pays membres de l’ONU vendredi 24 novembre, soulignant que le rapport du Secrétaire général de l’ONU n’a pas été rédigé en fonction des besoins et des souffrances du peuple afghan, mais a plutôt été influencé par les intérêts sécuritaires et géopolitiques des puissances.
Dans cette lettre, il est mentionné que le rapport d’António Guterres au Conseil de sécurité de l’ONU a été rédigé en adoptant une politique de complaisance envers les talibans.
Les organisations de la société civile affirment que dans ce rapport, l’importance des droits de l’homme en Afghanistan a été reléguée au second plan.
Elles soulignent également que le Secrétaire général de l’ONU a présenté les talibans sous un jour favorable dans ce rapport, ce qui pourrait encourager d’autres groupes militaires à conquérir des pays par la force.
La lettre indique que pour rédiger ce rapport, les représentants du Secrétaire général de l’ONU n’ont rencontré ni parlé à aucune des victimes et des groupes opprimés par les talibans.
Selon les organisations de la société civile, le Secrétaire général de l’ONU n’a pas mentionné les violences et les assassinats ciblés des anciennes forces de sécurité, des civils, des travailleurs des médias, l’arrestation et la torture de femmes manifestantes, et la disparition de civils.
La lettre précise que les talibans ont émis 80 décrets imposant des restrictions aux femmes au cours des deux dernières années ; cependant, le rapport du Secrétaire général de l’ONU n’en mentionne qu’une partie.
Les organisations de la société civile déclarent que toute interaction avec les talibans devrait être basée sur leur engagement à respecter les valeurs internationalement reconnues, y compris les droits de l’homme, en particulier les droits des femmes et des filles, et à former un gouvernement inclusif reflétant la volonté du peuple.
Récemment, la question de la reconnaissance des talibans dans les réunions internationales a été soulevée à nouveau. António Guterres, le Secrétaire général de l’ONU, a récemment déclaré que ce groupe devrait accepter les engagements et les conventions internationaux.
M. Guterres, qui présentait son rapport au Conseil de sécurité le mercredi 16 novembre, a déclaré que la normalisation des relations de la communauté internationale avec le gouvernement de ce groupe dépend du respect par les talibans des engagements internationaux et de l’établissement d’un processus politique intra-afghan menant à une constitution inclusive.
Il a dit dans ce rapport que la reconnaissance des talibans est conditionnée à ce qu’ils acceptent les engagements et les conventions internationaux et démontrent leur bonne foi à travers la politique, la législation et en pratique.
Le nouveau rapport du Secrétaire général de l’ONU est en fait un moyen pour les talibans de sortir de leur isolement international et de briser l’impasse du non-reconnaissance du régime de ce groupe. Dans ce rapport, il est mentionné que les talibans veulent être reconnus comme le gouvernement légitime de l’Afghanistan par la communauté internationale.
Hier, Ahmad Massoud, le chef du Front de résistance nationale d’Afghanistan a également qualifié ce rapport d’incomplet et de faible, et a averti que si ce plan est approuvé et mis en œuvre par l’ONU, la situation en Afghanistan pourrait s’aggraver.
M. Massoud, qui s’exprimait lors d’une réunion à Moscou, a déclaré que les talibans n’ont respecté aucun des accords et engagements qu’ils ont pris envers le peuple afghan et le monde au cours des trente dernières années, sauf ceux pris envers les États-Unis.
Il a ajouté que l’Afghanistan, sous le gouvernement des talibans ces deux dernières années, est tombé dans un « trou noir » oppressif et une impasse historique, et que pour ces raisons, le pays n’a aujourd’hui ni constitution, ni légitimité nationale et internationale, ni drapeau national.